1) Bonjour Stéphane, bonjour Théo, merci de répondre à notre série de questions ! On vous laisse vous présenter rapidement en quelques lignes ?
Théo : Nous sommes les artistes associés à la Compagnie Discobole. Stéphane est guitariste et moi contrebassiste. Nous sommes tous les deux compositeurs.
Stéphane : Avec la Cie Discobole, nous créons des spectacles qui sont entre le jazz, le maloya, cette musique majeure de l’île de la Réunion. Nous attachons aussi un soin particulier à partager auprès des publics, les scolaires en particulier, des actions de sensibilisation à la création, la musique et sa pratique. De cette activité de création, nous avons aussi fondé un label associatif avec plus d’une trentaine de références. Notre catalogue est tourné autour de nos créations mais aussi de collaboration avec des artistes que nous aimons et dont voulons défendre les projets de disque.
2) Le 30 juin prochain vous jouerez à File7 avec Christine Salem, grande chanteuse de maloya, dans le cadre du spectacle "Discobole Orchestra rencontre Christine Salem" (création en partenariat avec File7). Comment avez-vous fait sa rencontre ?
Théo : J’ai rencontré Christine en 2016 dans un festival un peu particulier qui s’appelait « En Accord » à Rochefort. Ensuite, en 2021, nous l’avons invitée avec Discobole à participer à des rencontres musicales enregistrées que nous avons organisées avec 40 autres artistes. Projet nécessaire au moment où nous étions interdits de concerts et qui fera l’objet d’une sortie sur CD (coffret 3 cds) et d’un vinyle en 2024.
3) Vous êtes actuellement en train de préparer ce spectacle notamment à File7 avec des temps de résidence dédiés. Comment envisagez-vous le processus créatif autour du show ?
Stéphane : Nous avons réfléchi tout abord à une esthétique musicale que nous souhaiterions développer pour ce projet autour du maloya mais aussi du jazz, de la transe, de l’immersion du public au sein du groupe. Nous avons ensuite partagé nos idées avec notre ingénieur du son pour travailler sur la faisabilité du projet, de son aspect technique. Puis nous avons commencé le travail de création à proprement dit.
Théo : Nous fonctionnons par étapes. En tout premier lieu nous avons pris le temps de constituer une équipe, car 16 artistes il faut les trouver ! Nous ne sommes pas partis de rien mais nous avons eu à cœur de rencontrer de nouvelles personnes. De décembre à mars, nous avons réuni un grand nombre de morceaux (de Christine, de Stéphane et des morceaux traditionnels pour avoir le choix). Puis entre mars et avril, l’écriture des arrangements a pu commencer. Cette étape concernait essentiellement Stéphane et moi qui sommes les directeurs artistiques du projet et a eu lieu au Rack’am (91), un des lieux partenaires du projet. Nous avons aussi eu nos premières répétitions à 3 avec Ianik Tallet, notre batteur, pour affiner les grooves et les atmosphères. Au mois de mai, une première lecture des arrangements a eu lieu en tutti (sans Christine) chez un autre lieu partenaire, Le Comptoir à Fontenay. Notamment pour que Stéphane et moi nous nous rendions compte concrètement du son de l’orchestre et de nos pistes d’arrangement. Enfin, de mai à juin, auront lieu nos premières répétitions en quartet avec Christine pour resserrer et valider le répertoire définitif (avec réécriture et finalisation des arrangements).
4) À ce propos, est-ce que vous pouvez nous mettre en appétit sur le déroulement de "Discobole Orchestra rencontre Christine Salem" (qui ne sera pas un pas concert comme les autres !) ?
Stéphane : Nous souhaitons immerger le public dans le son, que le public puisse vivre une expérience hors norme en se retrouvant à l’intérieur d’un orchestre. Nous avons eu envie de placer un groupe de musique au centre de la salle, le public entourera ce groupe de 4 artistes puis le reste de l’orchestre entourera le public, en jouant dans sa direction vers le groupe au centre de salle. L’orchestre sera séparée tout autour de la salle pour une immersion totale du public entre le groupe au centre et l’orchestre derrière lui.
Théo : Côté scénique, la scénographie est l’autre star de la soirée. Elle est pensée pour que le public vive une expérience exceptionnelle, presque sensorielle dont chacun·e se rappellera !
5) Vous avez récemment animé des ateliers de chorale maloya avec des collégiens de Magny le Hongre (Jacqueline de Romilly) et une chorale participative à File7 avec Seksion Maloya. Comment vous y prenez-vous pour transmettre "la fibre du maloya" aux plus jeunes et aux débutant·e·s ?
Stéphane : On transmet de la même manière que cette musique est transmise à la Réunion, de manière orale, en faisant du maloya. On répète les mêmes choses que nous avons vécu dans les KABAR. On apprend aux participants l’histoire de cette musique, son rythme, ses chants. Les concepts restent assez simples et tout de suite les participants se retrouvent plongés dans cette musique. Sa pratique devient très rapidement festive.
6) Roulèr, satie, kayamb, piker, bobre... Tous ces noms d'instruments vous disent évidemment quelque chose mais peut-être moins à notre public. Est-ce que vous pouvez nous citer votre instrument traditionnel fétiche à vous et pourquoi ?
Stéphane : Le maloya traditionnel est une musique avec des voix et des percussions. Se sont des percussions traditionnelles de l’île, fabriquées sur place par les musiciens eux-mêmes généralement. Il y a 2 instruments maîtres dans le maloya, c’est le roulèr, un gros tambour avec une peau de vache qui donne le grosse du maloya. Et le kayamb, un genre de hochet fabriqué avec des fleurs de canne et des graines de safran marron. Le kayamb ensorcelle par son son et tient imperturbablement le rythme du maloya. Il accompagne très souvent les chanteurs lead du maloya. Nous avons gardé uniquement le kayamb dans les instruments traditionnels car il se mélange parfaitement aux autres instruments de l’orchestre comme la batterie.
7) Le maloya et la musique réunionnaise regorgent de pépites musicales. Est-ce que vous avez des coups de cœur à nous faire absolument écouter ?
Théo : Si vous ne le connaissez pas, il faut absolument voir Danyel Waro sur scène.
Stéphane : Dans le traditionnel il y a Firmin Viry ou le Rwa Kaf. Dans le même genre mais plus actuel, il y a Zanmari Baré.
Merci Stéphane, merci Théo d'avoir répondu à nos questions ! On a hâte de vous retrouver le 30 juin pour "Discobole Orchestra invite Christine Salem" (gratuit sur réservation). Notre pérégrination autour du maloya continuera aussi le mercredi 14 juin avec un atelier d’initiation (gratuit sur réservation)